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du nord au sud.

puérils sont joints à des statistiques du plus haut intérêt ; on ne sait pas choisir, on veut tout embrasser, tout savoir Un brave professeur, dans un meeting, demande au pays une trentaine de millions pour fonder une université monstre où, à l’aide de traitements invraisemblables, on réunira les maîtres les plus en renom du monde entier. Comme le bon sens perd rarement ses droits, l’auditoire se rend compte que le projet est chimérique et ne l’adopte pas. Mais l’orateur a donné la note de toutes les ambitions, de toutes les ardeurs, de tous les désirs de cette société dévorée de zèle, qui veut s’approprier tout ce que l’univers possède et surtout tout ce qu’il sait ! Voilà ce qui fait de Chicago la vraie capitale de l’Amérique ; c’est qu’elle est le centre de l’américanisme, qui n’est pas, comme on se le figure trop souvent, une folie transitoire, un détraquage social, ou bien un accès d’exubérance juvénile, mais, qui représente une phase parfaitement logique et déterminée de l’évolution humaine. L’américanisme est le résultat d’une triple combinaison de race, de sol et d’époque ; il a fallu le sang anglo-saxon, le continent immense et fer-