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du nord au sud.

les bœufs et les moutons sont transformés en conserves et en saucisses.

C’est fort loin, tout à l’extrémité de la ville ; après avoir changé trois fois de tramways, on arrive dans un quartier boueux, coupé de terrains vagues et peuplé de pochards. Un portique crénelé, d’aspect féodal, donne entrée dans une interminable rue bordée de parcs à bestiaux ; de longs passages surélevés servent à conduire les victimes d’un parc dans un autre ; des hommes à cheval, armés de fouets, les poussent devant eux. Un peu au delà, des bâtiments de brique : la banque, les restaurants, les bureaux ; des petits chevaux à longs poils portant de lourdes selles mexicaines sont attachés là, pendant que les cowboys tripotent de l’argent ou avalent du whiskey. En approchant des abattoirs, c’est un désordre sans pareil ; des locomotives passent entre les maisons ; on aperçoit des troupeaux sur les passerelles à 30 pieds en l’air. Une odeur nauséabonde filtre à travers les murailles de bois des « maisons de carnage ». À l’intérieur, le sang ruisselle et des fumées chaudes tournoient au plafond. On grimpe après des échelles immondes, on est