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du nord au sud.

de souvenir de cette catastrophe fantastique, surhumaine Ah bien ! Chicago ne ressemble guère à une ville qui a brûlé tout entière il y a dix-neuf ans ; ses rues immenses sont bordées de palais aux puissantes assises, aux pilastres de marbre ; tout y a l’air si fort, si solide, si définitif qu’on lui forge un passé et des souvenirs historiques et que, pour un peu, on demanderait le chemin du palais royal. Il y en a un, d’ailleurs, où règne en souverain indiscuté Sa Majesté l’Argent. C’est le Board of Trade, « la Bourse du commerce » ; on nous avait bien recommandé d’y entrer pour voir « l’agitation ». C’est vrai qu’on y mène un tapage infernal et que le spectacle est impressionnant. Mais il en est à peu près de même dans tous les grands centres d’affaires, tandis que, nulle part, le cadre n’est aussi grandiose. Ce board of trade, avec ses colonnes cyclopéennes et ses hautes fenêtres à vitraux, a un aspect de temple, de palais exotique et l’on cherche des yeux l’idole, le grand lama, le trône

Et, autour du souverain, il y a la cour, avec son cortège obligé de favoris et de courtisans, dont les moindres gestes intéressent le public,