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tangente. C’était si triste, si plat, si mort qu’une grande affiche indiquant un prochain match de foot-ball entre l’université et Albion College me fit l’effet bienfaisant d’un verre de whiskey et chassa l’ombre menaçante du spleen.

Je n’ai pas encore dit qu’Ann Arbor est le siège de l’université de Michigan, qu’on y chassait les animaux sauvages il y a soixante ans et que 5 000 étudiants y travaillent aujourd’hui. J’ajouterai que l’instruction y est presque gratuite, que le budget des dépenses s’élève annuellement à un million, que l’État de Michigan solde ces dépenses et que les particuliers ne font pas de legs, tant il est vrai, partout et toujours, que l’assistance officielle paralyse les générosités des individus. Les seuls bienfaiteurs furent, qui le croirait ?… les Indiens. On comptait encore avec eux, en ce temps-là, et on ne les traitait pas comme un troupeau de chiens. Ils consentirent à détacher un morceau de leur territoire pour doter l’université ; peut-être quelque chef espérait-il, par là, fléchir le ciel et obtenir pour sa tribu les privilèges que donnent aux blancs la connaissance de mille choses cachées et le pouvoir de lire dans les