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Nous avons quitté Cornell aux rayons de la lune, qui mirait dans les eaux du lac Cayuga « son éventail d’argent ». Nous avons traversé les rues de Buffalo, franchi de nouveau les rapides du Niagara et nous voici tout près d’Ann Arbor, d’où nous gagnerons demain Chicago. Je n’ai jamais rien vu de plus désespérant, de plus endormi, de plus lugubre qu’Ann Arbor ce jour-là. Une petite pluie glacée tombait du ciel où circulaient très lentement, tout près de terre, des nuées grises et lourdes. Les rues étaient désertes ; quelques boutiques montraient par-ci par-là leurs étalages inattrayants ; et il n’y avait ni enfants, ni chevaux, seulement une ou deux étudiantes, la serviette sous le bras, rentrant du cours et parlant cosinus et