Page:Pierre de Coubertin - Universités transatlantiques, 1890.djvu/200

Cette page a été validée par deux contributeurs.

I

Ezra Cornell ne savait ni le grec ni le latin, mais il se souvenait des durs efforts qu’il avait dû accomplir pour parvenir à la fortune. C’était, dans toute la force du terme, un homme self-made ; il s’était fait lui-même et maintenant qu’il tenait entre ses mains cet instrument de puissance qui s’appelle l’argent, il se demandait de quelle façon il en devait user dans l’intérêt de ses semblables. L’instruction, qui lui avait manqué, lui paraissait l’unique remède pour tous les maux, le seul levier capable de soulever tous les poids, le véritable agent moralisateur de la race humaine. Il n’avait rien des duretés de cœur du parvenu, mais bien plutôt cette pitié profonde et douce de ceux qui ont beaucoup trimé. Sa bonté s’ingéniait à trouver