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universités transatlantiques.

De 1794, époque de sa fondation, à 1834, époque de son incorporation, Toronto porta le nom de York. N’en déplaise à Montréal, sa croissance a été plus rapide que celle d’aucune autre cité « en Canada ». En 1817, il y avait 1 200 habitants ; en 1852, ils étaient 30 000 ; aujourd’hui, ils ne sont pas loin de 150 000. La première impression est une impression de richesse et d’avenir. On devine tout de suite une population entreprenante et persévérante. Il y a des trottoirs de bois, comme à Montréal, des réseaux de fils électriques en l’air comme à New York ou à Chicago, mais les constructions sont plus britanniques ; elles ne sont ni modestes ni provisoires ; les demeures des habitants semblent indiquer qu’ils sont établis là pour toujours, qu’ils gagnent de l’argent et s’en servent sans le gaspiller. Toronto est le véritable quartier général anglais et c’est là qu’on peut voir en présence deux races issues l’une de l’autre, tendant à la fortune avec une égale ardeur, mais non par la même méthode. Les uns ont pour devise : audace et hasard ; les autres : énergie et calcul. Le calcul est le contraire du hasard et l’énergie