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universités transatlantiques.

sans étriers n’en saurait donner qu’un lointain avant-goût. Dire que ce n’est pas amusant, ce serait mentir. Au début, les secousses semblent pénibles ; à la longue, on s’en fatigue probablement, mais une journée de bog board avec un cheval qui file bien, du soleil et du vent, c’est un sport de première classe. Le bog board est une voiture d’été. Quand la neige a fondu, elle découvre des routes invraisemblables, que la pluie et la sécheresse transforment tour à tour en océans de boue et en ornières gigantesques ; ajoutez-y des quartiers de roches, des cavités insondables, des ruisseaux égarés, des affaissements de terrain et vous aurez une idée des routes canadiennes.

Nous venons de traverser un pont de bois, sorte de galerie vermoulue, et couverte, ornée aux deux extrémités par un portique grec grossièrement taillé. En dessous, il y a des rapides ; sur l’autre rive, un village, puis sur une pointe avancée où pousse un maigre gazon, les ruines du fort Chambly se dressent solitaires et grandioses ; les souvenirs qu’elles évoquent sont tout français et cela semble un déshonneur ce nom du marquis de Lorne gravé sur une plaque