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nisation. Il y rêvait en songeant à cette grande lacune dans l’éducation américaine, à cette absence de trait d’union entre les écoles primaires et les universités, à ces « High Schools » qui sont des externats où se forment l’intelligence et un peu le corps, mais à coup sûr ni la volonté ni le caractère. Quand son parti fut pris, il ne lambina pas et se mit à l’œuvre aussitôt. Il est vrai que les choses sont simplifiées en Amérique. Le Dr Peabody écrivit des lettres, beaucoup de lettres, pour dire aux gens riches que, décidé à fonder une école, il venait leur offrir l’occasion de s’honorer grandement en attachant leurs noms à une fondation importante et utile. C’est bien ainsi qu’ils le comprirent. Avant même d’écrire la première lettre il avait déjà 75 000 francs recueillis les trois premiers jours, en se promenant dans Boston. « Tu sais, je fonde une école, disait-il aux amis qu’il rencontrait. — Je le donne 6, 8, 10 000 dollars », répondaient ceux-ci, parfaitement convaincus, il est vrai, qu’une œuvre entreprise par le Dr Peabody devait forcément tourner à bien. Des parents et d’autres amis lui donnèrent le terrain et les constructions s’élevèrent.