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les sports de glace

ment le soleil boréal qui va s’éteindre. Et ce pays de la mort blanche s’éclaire peu à peu de lueurs fauves qui s’allongent sur le sol. On dirait des flammes tombées du ciel et immobilisées là dans la congélation des choses. Le campement est établi ce soir auprès d’une large rivière dont les eaux se précipitent sur un chaos de roches amoncelées ; une carapace glacée recouvre la chute et le long des falaises qui l’enserrent descendent de minces stalactites transparentes,… et le chasseur s’endort en songeant à ses amis de Montréal qui vont, tout à l’heure, aller danser sur le Victoria Rink la valse des patineurs.

Le Victoria est une immense patinoire qu’entoure une galerie circulaire sur laquelle donnent les salons, les vestiaires, le buffet : tout cela est éclairé à l’électricité ; les verres de couleur et les lanternes multicolores dessinent l’architecture des portiques de bois découpé ; des flammes de Bengale brillent à travers les blocs de glace ; dans les angles il y a des massifs sombres de sapins et l’orchestre rythme les danses avec un entrain endiablé.

En Floride, sous les palmiers, on danse aussi joyeusement ; la brise parfumée caresse les murailles de marbre de l’hôtel Alcazar. Sur la côte de Californie, où sont les jardins élyséens de l’hôtel Del