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les sports de glace.

Il fait 30° Fahrenheit au-dessous de zéro. Par les petits escaliers de bois, les dames enveloppées de chaudes fourrures montent rapidement, s’arrêtant aux paliers pour écouter le bruit des toboggans glissant au-dessus de leurs têtes. Les voici au sommet, entourées de jeunes gens qui se disputent l’honneur de les conduire. Chacun fait l’éloge de son traîneau : que ce soit un « Larivière », un « Star », un « Paton », un « Blizzard », ces différentes marques de fabrique font sans doute moins d’impression sur les voyageuses que l’adresse du conducteur. Car ce n’est pas tout de se laisser aller : il faut conduire la machine. Il y a des toboggans tout étroits, tout petits où l’on peut à grand’peine offrir l’hospitalité à un camarade pas trop gros : la plupart sont à deux places, toujours étroits, mais plus longs[1]. Voyez-les partir : une dame est installée en avant, les pieds appuyés sur la courbure du toboggan : elle se tient aux cordes, de chaque côté, et vous allez l’entendre, tout à l’heure, pousser de petits cris d’effroi qui se changeront à l’arrivée en un joyeux éclat de rire. L’arrivée, c’est là-bas, à trois quarts de mille où sont les lumières. Le jeune homme, lui, s’étend sur la partie arrière du traîneau appuyé sur un bras : il gouvernera avec le pied, très légèrement, car dans ce tourbillon le contact avec la glace causerait, en se prolongeant, des dommages. Ils sont partis !… Ils ont une sensation de précipice, de chute indéfinie : le vent leur coupe la

  1. Le toboggan ordinaire a 60 centimètres de large sur 2 ou 3 mètres de long.