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souvenirs d’amérique et de grèce.

Elles se prêtent également aux collisions et à des accidents de tout genre, en sorte qu’on a pris le parti de corriger artificiellement les rudesses de la nature, en élevant des constructions de bois dont les courbes sont plus rassurantes sans cesser d’être audacieuses. Ce sont des pistes glacées qui se raccordent à la montagne et sur lesquelles le toboggan descend avec une vitesse vertigineuse dont les « montagnes russes » du boulevard ne sauraient donner le plus léger avant-goût. Les amateurs y ont gagné sous beaucoup de rapports : autrefois il fallait être aux ordres de la lune qui éclairait gratuitement, mais irrégulièrement, et de la température qui ne préparait pas toujours la piste aussi bien qu’il eût fallu. Maintenant, des clubs se sont fondés ; la lumière électrique brille partout : on égalise savamment la surface des pistes et en débarquant, vous trouvez dans un joli chalet bien chauffé, du thé et tous les grogs imaginables. Par contre, le danger a diminué. C’était un furieux plaisir de descendre jadis dans Fletcher Field, secoué, ballotté par les accidents de terrains, courant, entre autres risques, celui d’arriver en plusieurs morceaux.

Les principaux clubs de Montréal sont ceux du Parc, de la Tuque bleue, de Lansdowne, du Trappeur, du Pastime, de la Côte Saint-Antoine. La piste du Parc est l’une des plus grandioses ; à gauche elle domine Montréal dont les coupoles et les clochers se détachent sur le Saint-Laurent transformé en une banquise immense. À droite les vallonnements, les prés, les bois qui forment le couronnement du mont Royal étincellent sous le manteau de givre qui les recouvre.