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le mouvement universitaire aux états-unis.

Dans ce développement des forces universitaires aux États-Unis, la France avait un beau rôle à jouer ; elle ne l’a pas compris, et voilà pourquoi, malgré les liens qui dans le passé ont uni les deux peuples, aucune manifestation francophile ne marquera les fêtes du centenaire de Princeton. On écrira quelque jour l’histoire des relations de la France et des États-Unis ; il n’y en a pas de plus illogique. Nous sommes parvenus, par insouciance encore plus que par maladresse, à perdre le bénéfice du sang versé, à effacer le souvenir de l’effort accompli en commun. La guerre que faillirent déchaîner les arrogantes prétentions du Directoire et, plus tard, la fantaisie maladive de Napoléon iii, eût, certes, été fratricide ; mais elle n’eût pas causé plus de dommage que l’indifférence ironique avec laquelle l’opinion a envisagé, chez nous, le progrès moral des Américains. On pouvait prévoir cependant qu’une grande nation comme celle qui se formait au delà de l’Océan ne se contenterait pas longtemps d’un idéal commercial et viserait autre chose que le perfectionnement matériel. On le pouvait d’autant mieux que les citoyens de cette nation avaient marqué, dès l’origine, un noble souci des choses de l’esprit et avaient même devancé l’Europe dans la voie des améliorations pédagogiques.

C’est ce qu’avait si bien compris le chevalier Quesnay de Beaurepaire lorsqu’il tenta, à la fin du siècle dernier, de fonder à Richmond cette « Académie fran-