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souvenirs d’amérique et de grèce.

continué, dans l’Est comme dans l’Ouest. M. Ezra Cornell a créé, à Ithaca, dans l’État de New-York, la belle institution qui porte son nom. M. Leland Stanford, accomplissant le vœu d’un fils unique enlevé à sa tendresse avant d’avoir atteint l’âge d’homme, a transformé son domaine de Palo-Alto (Californie) en une université merveilleuse à laquelle il a confié la tombe de l’enfant dont elle perpétue la mémoire. M. Rockefeller a semé les millions pour que Chicago, sa patrie, pût devenir riche de science autant que de dollars. M. Tulane a légué à l’université de la Nouvelle-Orléans de quoi contribuer au relèvement de ces États du Sud qui refont si courageusement leur fortune. Enfin, on a vu une jeune fille, miss Gwendoline Caldwell, distraire la plus grosse part de l’héritage paternel pour fonder cette université catholique de Washington que dirige Mgr Keane, le digne émule des Gibbons et des Ireland, et un marchand de Baltimore, M. Johns Hopkins, provoquer la formation de ce grand centre de labeur dont les publications passent par-dessus nos têtes indifférentes pour aller se faire apprécier chez nos voisins d’outre-Rhin.

Quoi que l’on puisse penser de la valeur réelle de tous ces établissements au double point de vue des acquisitions scientifiques et du rôle national, deux faits s’imposent, dont les conséquences ne peuvent manquer d’être considérables. Les universités américaines sont les plus riches du monde et elles prennent peu à peu un empire absolu sur l’opinion. Un professeur faisait devant moi, il y a deux mois, le compte des libéralités reçues depuis 1880 par les principales