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sur la côte de californie.

considérables. M. Stanford y a pourvu. En plus de sa royale dotation, il a laissé ses chevaux, qu’il aimait tant, et sa célèbre galerie de tableaux. Sur le domaine de Palo Alto il y avait mille quatre cents chevaux : les connaisseurs les estimaient fort. L’Université en a vendu un grand nombre, mais elle n’a pas renoncé à l’élevage, qui est, pour elle, une source de profits. Cette annexe hippique est bien digne d’une université californienne. Quant aux objets d’art, on leur a bâti un bel asile sur la lisière des bois, un peu loin des jeux et du bruit. Tout à l’opposé sont les maisons des professeurs, éparpillées dans l’herbe.

Une allée du parc conduit à une chapelle de marbre blanc où reposent les restes du fils de Leland Stanford, mort avant vingt ans à Florence. Tourné, dès son jeune âge, vers les choses de l’esprit, il rêvait de transformer plus tard le domaine de Palo Alto en une université modèle et, quand ses parents ont vu se fermer devant eux le chemin des espérances terrestres, ils ont pensé qu’il ne leur restait plus qu’à employer leur immense fortune à la réalisation de ce projet si noblement enthousiaste. Ils ont tout donné : ils ont inscrit le nom juvénile au fronton de l’Université et ont confié aux étudiants à venir le soin de le transmettre à la postérité. Dernièrement, le sénateur Stanford est venu rejoindre son fils dans le temple de marbre.

De là, on aperçoit à l’horizon la ligne bleue des montagnes et, sur un des sommets, un point blanc se détache. C’est le fameux observatoire de Lick. James Lick, l’ouvrier enrichi, est enseveli là, dans la