C’est là un symbole. De cette grande Exposition calomniée, incomprise, mais si magnifique pour ceux qui ont cherché à l’analyser consciencieusement, une chose subsiste, une chose dont l’influence va se faire sentir pendant des années et des années : la patrie américaine, unifiée et consolidée, a pris conscience de ses forces et de ses aspirations et rien ne peut plus l’atteindre désormais. Sur sa route, peut-être bien des obstacles sont-ils dressés ; l’apprentissage de la vie lui sera peut-être bien rude, mais, dans le triomphe comme dans l’infortune, sa personnalité demeurera. Elle a désormais sa mission dans l’ordre matériel et dans l’ordre moral. Comme les patries du vieux monde, elle exaltera des âmes et suscitera des héros ; elle aura ses caprices que ses enfants satisferont avec leur or et avec leur sang ; elle engendrera des fanatismes, elle tentera des folies, elle sera basée sur la gloire et le désintéressement.
Voilà pourquoi, malgré son insuccès apparent, malgré les étrangetés de la ville qui l’avait vue naître, malgré la fin tragique que le destin lui réservait, l’Exposition colombienne a marqué une date inoubliable dans la suite des âges.
En la parcourant, on avait l’impression d’être à un de ces tournants de siècle que constituent la naissance d’un grand mouvement, la découverte d’une vérité inconnue ou l’avènement d’une race nouvelle.