embrasse une dernière fois le paysage merveilleux dont les lignes se brisent çà et là, dont certains détails déjà s’effacent et d’où l’on sent que la vie et le mouvement peu à peu se retirent. Ils s’effaceront aussi, les souvenirs qu’évoque ce lieu. Les regrets de la souveraine s’éteindront dans la mort, l’empire qui est le sien sera démembré et les peuples groupés autour de son trône suivront d’autres destins… Ce soleil qui se couche, n’est-ce point celui des Habsbourg ?
Consciencieusement, chaque jour, les artilleurs grecs manœuvrent. Il règne dès cinq heures du matin une animation belliqueuse dans la forteresse. Ce sont des fanfares, des sonneries, des appels de clairon. Finalement le pont-levis ouvre passage à six ou huit mulets portant, démontées, des pièces de campagne. Les mulets s’arrêtent sur l’esplanade ; des commandements retentissent ; les soldats s’empressent, déchargent les bêtes, montent la pièce. Celle-ci roule sur l’herbe pendant dix pas ; puis on la démonte, on recharge les mulets, et tout est dit. Les soldats sont médiocrement vêtus et les officiers n’ont point de chevaux ; mais de part et d’autre il y a entrain et conviction,… et l’on songe à la sottise de l’Europe qui, ayant consenti à faire un royaume de Grèce, l’a fait trop petit et trop pauvre pour vivre,… et au patriotisme des Grecs, qui ont vécu néanmoins et prospéré.
À Govino se trouvent les ruines d’un arsenal vénitien. On y accède en s’engageant sous les oliviers, ces mêmes oliviers d’Afra, si contournés et si respectables.