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lettres olympiques.

en raccourci dans ce repli de ses rivages. Ici, l’athlétisme mène à l’histoire, quoi qu’on fasse : mais le passé continue si complètement le présent que de tels rapprochements ne surprennent que les étrangers.

iv

Athènes, 12 avril 1896.

Les triomphes des « barbares » dans les concours olympiques sont en général très galamment acceptés par l’assistance. À l’entrée du Stade, bien en vue, il y a un mât au pied duquel on affiche, après chaque épreuve, le numéro d’ordre du vainqueur, tandis qu’au sommet, monte le drapeau de son pays. C’est une idée ingénieuse qui résume et souligne le caractère international des Jeux. On a vu flotter tour à tour à cette place d’honneur les couleurs des grandes nations européennes ; mais ce qu’on y a vu le plus souvent, c’est le joyeux pavillon étoilé des États-Unis. C’était justice ; car les Américains furent les premiers à s’éprendre de notre œuvre et les seuls à ne jamais douter de sa réussite. Les deux équipes qu’ils ont envoyées ont marqué, dès l’abord, leur valeur athlétique, et surtout la supériorité de leur entraînement. Déjà les Athéniens, émerveillés, criaient au professionnalisme ; ils ne pouvaient croire que ces beaux jeunes gens aux muscles si dociles fussent des étudiants, pressés de retourner à leurs études et modestement ravis d’avoir accru le prestige de leurs Universités.