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souvenirs d’amérique et de grèce.

recevoir. Ces préparatifs sont multiples. Partout on gratte les marbres, on remet du plâtre neuf et de la peinture fraîche, on pave, on nettoie, on décore. La rue du Stade est en grande toilette avec son arc de triomphe et ses mâts vénitiens. Mais ce n’est plus la promenade favorite. L’intérêt est ailleurs : sur les bords, jadis dédaignés, de l’Ilissus. Chaque soir, vers cinq heures, les citoyens s’en viennent, en longue théorie, donner aux travaux du Stade le coup d’œil du maître. L’Ilissus est sans eau, comme d’habitude ; on ne s’en aperçoit plus. Un pont monumental enjambe maintenant le ruisseau célèbre et donne accès au terre-plein sur lequel ouvre le Stade restauré.

L’enceinte du Stade produit une impression intense qui s’avive encore par la réflexion. Voilà donc le tableau que les grands ancêtres ont tant de fois contemplé ! Il était sorti de nos yeux. Nous sommes, à ce point, déshabitués de voir une telle construction et ses lignes nous sont si peu familières qu’elle nous surprend tout d’abord et nous déconcerte. La silhouette du temple grec ne s’est jamais perdue ; les portiques et les colonnades ont connu vingt renaissances. Mais les stades étaient morts en même temps que l’athlétisme. On en savait les particularités architecturales ; jamais elles n’avaient été restituées. Un stade vivant ne s’était point vu depuis des siècles. Encore quelques heures et celui-ci vivra de cette vie collective que prête aux monuments la foule qui les emplit. On la verra de nouveau monter les escaliers, se répandre le long des gradins, s’amasser dans les passages ; foule bien différente, sans doute, de celle