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notes athéniennes.

sont les ruines du passé éparses dans le tableau. Sur la route de Kephissia, derrière le jardin Royal, il y a les casernes et les champs de manœuvre ; l’appel des clairons y retentit gaiement. Au pied du Lycabète, les écoles étrangères sont assises ; au sommet du palais parlementaire, le drapeau blanc et bleu flotte au vent de la liberté, et dans la plaine, des maisons se construisent avec le marbre de l’inépuisable Pentélique, des maisons qui ont la forme carrée et les classiques péristyles du vieux temps.

Cela, ce n’est pas l’œuvre de Phidias ni de Périclès ; c’est l’œuvre d’Ypsilanti, l’organisateur de l’Hetaira ; c’est l’œuvre de Capo d’Istria, le président patriote, de Colocotronis, le vieux grognard héroïque, de Coumoundouros, l’homme d’État austère et sage. Et cette œuvre déconcerte les historiens qui l’étudient. Jamais entreprise d’une pareille audace, conduite avec de plus faibles moyens et dans des circonstances plus défavorables, n’a réussi pareillement !

Le monde ne savait plus qu’il y eût des Grecs ! Quand les hommes d’État l’apprirent, ils eurent un sourire de dédain et mirent leur lorgnon pour mieux voir l’étonnant spectacle. Cette prétention de se dire les héritiers des Spartiates et des Athéniens leur parut une délicieuse bouffonnerie. Cependant la guerre éclatait, secrètement préparée depuis bien longtemps par les émissaires de l’Hetaira : sous prétexte de