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NOTES ATHÉNIENNES



Athènes, 1894.

Ce fut une sensation rare, cette première entrée au Pirée, une nuit de novembre. J’ose à peine en décrire le charme subtil et imprévu. La mer sommeillait déserte, une clarté diffuse traînait sur les eaux. Nous suivions le rivage indécis derrière lequel se profilait, vers le nord, une masse sombre ayant à sa base une sorte de nébuleuse ; c’étaient le mont Hymette et les lumières d’Athènes.

L’Ortégal s’avançait très lentement, comme intimidé par le calme des choses : il doubla un promontoire et s’approcha de deux jetées d’aspect antique. Dans le port, le silence régnait : on s’était lassé de nous attendre. Une barque attardée rôda quelques instants autour du navire et il se fit un peu de bruit à bord ; des mots furent échangés dans une langue rapide et sonore, mais très douce,… les mêmes mots peut-être qui, deux mille ans passés, saluaient ici les navigateurs. L’ancre tomba près de deux avisos cuirassés