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souvenirs d’amérique et de grèce.

ment sous les portiques de marbre du gymnase d’Olympie situé un peu à l’écart, loin des temples et du bruit ; lui aussi devait être irréprochable héréditairement et personnellement, sans tare d’aucune sorte dans sa vie ni dans celle de ses ancêtres ; lui aussi associait à son acte la religion nationale, prêtait devant les autels le serment de l’honneur et, pour récompense, recevait le simple rameau vert, symbole de désintéressement. Tous deux, sans doute, attendirent avec la même ardeur et la même impatience les premières clartés de l’aube. Ce fut la même aurore qui, pour l’un, dora la cime boisée du mont Kronion, puis les blanches façades d’Olympie et les prés fleuris de l’Alphée ; et glissa, pour l’autre, ses rayons pâlis par les meurtrières profondes du donjon féodal. Entre eux il y eut l’épaisseur des âges et tout un monde d’idées différentes ; mais la sève juvénile les faisait pareils. Ils pensaient avec la même joie à l’épreuve prochaine et le plaisir de leurs muscles montait jusqu’à leur cerveau, les détournant de leurs méditations et faisant oublier à l’un Zeus, protecteur des hommes — à l’autre Madame la Vierge, sa patronne.

La « renaissance athlétique » sera considérée, plus tard, comme l’une des caractéristiques du xixe siècle. Aujourd’hui le mot fait sourire. Non seulement on le trouve ambitieux, mais il semble inexact ; pour beaucoup de gens il y a simplement ceci : le goût d’amusements de plein air, naturels à l’homme, un peu délaissés depuis cent ans, et qui, de nouveau, sont en vogue. Mais quand on écrira l’histoire de ce grand