encore par quelles ingénieuses applications de la mécanique on arrive à « créer » des endroits sensibles. Pour y réussir, il faut dans les doigts et la main de la précision. La patience japonaise parvient à donner à cet instrument humain une force et une justesse incomparables[1]. Mais, avant d’en arriver là, il faut s’être « emparé » de l’adversaire et déjà le dominer ; cela suppose la possession du secret de son équilibre de façon à pouvoir appliquer la force dans le sens où il tend à se déséquilibrer et jamais en sens inverse. Tout le Judo est là ; il vise à développer une sorte de « perception par le corps » dont la subtilité devient telle que, même dans l’obscurité, le plus léger contact renseignera le lutteur sur le centre de gravité de son adversaire. On conçoit qu’une pareille science ne puisse naître rapidement et qu’au Kodokwan, on demande plusieurs années pour former un bon élève.
Que si nous passons maintenant à l’escrime armée, nous la trouvons dominée — quelles que soient d’ailleurs l’arme employée et la méthode appliquée — par certaines conditions générales provenant de la structure même de l’homme en garde. Chez celui-ci, la main représente en quelque sorte le pont-levis de la forteresse dans laquelle il s’abrite et d’où il opérera ses sorties. À l’intérieur, les forces sont mobilisées comme une armée ; le bras constitue l’active ; les jambes, la réserve appelée en même temps, mais partant en seconde ligne ; le reste du corps, la territoriale. À toutes trois il faut ménager constamment
- ↑ Voir la Revue Olympique (janvier 1906, janvier et février 1912).