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phie et de la radiographie, il semble qu’on pourrait arriver à fixer utilement les particularités mécaniques de chacun.

2o Les connaissances sportives n’ont point d’autre source que l’expérience personnelle. L’observation la plus minutieuse portant sur autrui n’a de valeur que conduite par quelqu’un de personnellement expérimenté. En sport, l’empirisme joue et jouera toujours le rôle essentiel. La théorie déraille très vite livrée à elle-même. Le principal motif en est que le théoricien se cantonne forcément sur le terrain physiologique le seul qu’il puisse repérer convenablement chez autrui. Cela le porte à édicter des lois générales et rigides que vient contredire l’individualisme psychique de chacun. Le rôle du psychisme chez le sportif est immense mais le non-sportif ne s’en rend pas compte.

3o Le degré supérieur n’est pas, en général, à la portée de tous ceux qui voudraient y atteindre ; il est assez rare que la volonté suffise à y conduire. Le tempérament et l’hérédité interviennent ici. Au point de vue tempérament, les sportifs se divisent en deux catégories qu’on pourrait appeler « Haute école » et « va de l’avant »[1] selon qu’ils sont aptes à travailler — au besoin sur place et en le fragmentant — le mouvement qu’ils veulent perfectionner ou bien que l’aspiration passionnée vers les sensations de rapidité, de distance, de force, d’endurance domine leur personnalité. Quant à l’atavisme sportif, c’est chose encore peu connue. Il semble qu’il faille plusieurs générations successives pratiquant le même sport pour déterminer une dose appréciable de facilité atavique, facilité se traduisant plutôt chez le descen-

  1. Voir mes Essais de Psychologie sportive, p. 187.