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pédagogie sportive

Thomas Arnold et la transformation de l’Angleterre.

Malgré certaines apparences, on peut dire que rien au début du xixe siècle n’indique que l’Angleterre soit prédestinée à devenir un foyer de renaissance athlétique[1]. Nous l’avons laissée au moyen-âge se défendant contre la passion des exercices violents qui lui vient de France. Édouard iii et Richard ii ont rendu des ordonnances dans ce sens. Deux siècles plus tard, Jacques ier éprouve le besoin d’encourager ses sujets en sens inverse. Mais son King’s Book of Sports ne préconise guère que des « amusements » villageois tels que quilles ou mât de Cocagne et on sait que le foot-ball, trop énergique, n’a pas ses faveurs.

À la lueur de ce qu’elle est devenue depuis, l’Angleterre de 1800 passe pour très sportive à cause de quelques chasses au renard qui occupent le « squire » dans son comté ou de quelques combats de boxe alimentés çà et là par des spectateurs-mécènes qui provoquent la rencontre à coups d’argent[2]. En réalité, il n’y a à agir dans un sens pseudo-sportif qu’un certain besoin de plein air engendré par l’excès des boissons alcooliques. Quant aux milieux scolaires,

  1. Le sens même du mot était perdu. Voir le Dictionnaire du Dr Johnston au mot Athletick.
  2. En 1750, au match dans lequel John Slack, à Londres, abattit Jack Broughton, le duc de Cumberland engagea et perdit 250.000 fr. Ce Broughton n’était pas seulement champion professionnel ; il avait succédé à un certain James Figg qui entre 1719 et 1734 enseignait l’escrime et la boxe s’intitulant Master of ye noble science of Defence ; il paraît avoir surtout formé des prize-fighters.