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histoire des exercices sportifs

saire dans un collège qu’une chaire de mathématiques ». Mais le Nouveau-Monde, pas plus que l’Ancien, ne répondit à l’appel. La période révolutionnaire et impériale est une des plus fermées à l’idée sportive. À la veille de la Révolution on voit, à Versailles, le comte d’Artois, épris de sport, faire venir un acrobate pour apprendre de lui à danser sur la corde raide ; et le prince, bien entraîné, convie la cour à admirer son adresse. Mais devenu le roi Charles x, et encore beau cavalier, il ne songera même pas à encourager les goûts sportifs de ses sujets. Ceux-ci du reste ne s’en soucient guère. Et pourtant Charles x a, sous la main, le leader désirable.

L’échec d’Amoros.

Rien n’est plus instructif à suivre que la carrière obstinée et méritoire d’Amoros, ce colonel espagnol qui vers 1820, tenta de faire de Paris un grand centre d’éducation sportive. Tout semblait lui permettre d’y aspirer. Au lendemain de l’épopée napoléonienne, les sports ne devaient-ils pas trouver dans une paix agitée et énervante l’occasion la plus favorable pour se développer ? Généralement Amoros est représenté comme ayant échoué, faute d’encouragement. Or ni la popularité ni l’argent ne lui manquèrent. Pas loin d’un million de francs lui furent remis. En 1821 l’État versait déjà 20.000 francs par an ; en 1824, 32.000. Un énorme espace que recouvre aujourd’hui une partie du quartier de Grenelle avait été concédé à Amoros pour y créer son établissement modèle. On peut dire qu’à aucun moment, un système d’éducation physique ne fut si puissamment épaulé. Le gouvernement, l’université, les autorités militaires, les Écoles chré-