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de s’introduire à Rome, il fut formellement condamné par Caton ; tous les vieux Romains le dédaignaient. Il semble pourtant avoir vécu en annexe dans les Thermes que fréquentait la population. Quand Sénèque se lamente, habitant à proximité des bains, de tous les bruits qui s’y produisent, il cite des boxeurs et des lutteurs parmi ceux dont le voisinage l’incommode. Mais on peut se rendre compte par la lecture de bien des auteurs[1] de la très petite place que cet athlétisme-là tenait dans la vie romaine. Les fouilles, en faisant connaître la disposition intérieure des Thermes, ont corroboré cette impression.

Autres observations : au cirque, ce n’était jamais que le combat armé, donc de l’escrime : une escrime que l’on cherchait à varier, à rendre émouvante et théâtrale pour plaire aux spectateurs. (Exemple : le fameux combat qui mettait aux prises deux hommes, l’un muni d’un bouclier rectangulaire et d’un glaive court, et l’autre armé d’un trident et d’un filet long de deux mètres à l’aide duquel il cherchait à envelopper et à immobiliser son adversaire.) Quant aux Jeux (Ludi Apollinares, Ludi romani, Ludi Sevirales), c’étaient des courses de chars à deux ou quatre chevaux ou des sortes de manœuvres militaires de cavalerie. Rien à aucun moment n’y vint rappeler les Jeux grecs.

  1. Voir le Reflet de l’athlétisme dans les œuvres d’Horace (Revue Olympique, janvier 1911). Pourtant Tacite se plaint que la jeunesse « fréquente les gymnases » et un jour que Démétrius le cynique osait s’attaquer à Néron en public, Perse déclare que « la jeunesse musculeuse du prétoire » veut lui faire un mauvais parti mais tout cela s’applique certainement à une minorité où il y a autant de snobs que de convaincus.