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histoire des exercices sportifs

guerres contre les Perses provoque un sursaut d’énergie et — si l’on peut ainsi dire — de purification sportives mais bientôt l’effet s’en atténue et le mal reprend. Ce sont alors les exagérations de l’entraînement ; l’athlète aux mains d’entraîneurs et de « managers » tend à devenir un être anormal vivant du sport comme ceux qui s’occupent de lui. C’est le mercantilisme… Callipos, l’Athénien, achète ses adversaires qui lui laissent gagner le Pentathlon (332 av. J.-C.) ou bien[1] Crotone et Sybaris s’efforcent par d’énormes subventions de monopoliser pour leurs fêtes les champions les plus renommés. C’est le fonctionnarisme… le gymnase et le stade se remplissent de « dirigeants » tandis que le Code des règlements devient chaque jour plus détaillé et plus complexe. Ce sont les querelles de méthodes… Sparte fait bande à part parce qu’elle désapprouve la « tendance scientifique » qui prévaut. La médecine veut mettre la main sur le sport et le régir à son profit. Les médecins lui donnent des lois et comme dit le prof. Strehly, « reconnaissant tout le parti qu’ils en peuvent tirer, en font leur bien propre et l’enferment dans un cycle de prescriptions ». Plus tard, Gallien, médecin de Marc-Aurèle, longtemps attaché à un gymnase de Pergame voudra faire croire que la gymnastique n’a guère été connue avant le temps de Périclès. Olympie subit une transformation concomitante. Les Jeux sont entourés d’une sorte de vaste foire où s’entassent les curiosités et les spectacles : il faut toujours du nouveau, du sen-

  1. Un concurrent aux Jeux Isthmiques promit 300 drachmes à son concurrent le plus redoutable pour le laisser gagner, puis refusa de les payer déclarant qu’il aurait gagné de toute façon. L’affaire causa grand scandale.