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histoire des exercices sportifs

un combat de boxe au cours des jeux célébrés pour les funérailles de Patrocle ; un autre récit bien plus détaillé existe dans l’Énéide (ve livre) ; on y retrouve nombre de passes de la boxe actuelle, notamment l’esquive.

La question du ceste a été très discutée. Le ceste, lourde courroie en cuir garnie de lamelles de plomb et enroulée autour du poing et de l’avant-bras, devait rendre le combat ainsi livré non seulement sanglant mais meurtrier. De tels combats étaient certainement assez rares comme le furent les prize-fights en Angleterre au xixe siècle. Il convient de remarquer de plus que le poing ainsi alourdi perdait toute aptitude aux coups directs rapides ; le jeu devait consister surtout à rechercher le coup de massue de préparation lente et par conséquent plus aisé à éviter, mais terrible évidemment dès qu’il atteignait son but.

Il y avait encore le pancrace, combinaison de lutte et de boxe où les coups de pied, — autorisés, — devaient très probablement servir, comme dans la boxe française moderne, à tenir l’adversaire à distance. Tous ces sports sans doute étaient brutaux. Pourtant nous voyons des médecins illustres comme Gallien et Hippocrate recommander le pancrace et Platon en faire grand cas, l’admettant même pour les femmes tandis que Properce affirme que les jeunes lacédémoniennes s’adonnaient régulièrement au pugilat. Il faut bien admettre dès lors que, pratiqués en combat par des spécialistes[1], ils ne l’étaient qu’en leçon ou en « assaut réglementé » par le grand nombre de leurs

    placé, bien que de façon imparfaite, par n’importe quel morceau d’étoffe enroulé autour du poing ; dès lors cette pratique a dû exister dans l’antiquité.

  1. Avant d’être poète tragique, Euripide avait été champion du pugilat.