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pédagogie sportive

tion, aux entreprises lointaines. La politique a plu à certains sportifs au point qu’il leur est arrivé de l’identifier avec le sport ; beaucoup d’autres, par contre, lui marquent un éloignement insurmontable. Ainsi, malgré que ce soit étrange, on ne saisit pas de corrélation habituelle entre l’activité musculaire intensive et le choix d’une carrière. Peut-être est-ce précisément pour les motifs exposés plus hauts : à savoir que le geste sportif demeure trop souvent isolé au milieu de la personnalité et que les germes qu’il y dépose ne sont pas utilisés par l’éducateur comme ils pourraient l’être. S’il en est ainsi, le développement de la pédagogie sportive pourrait peu à peu amener des modifications intéressantes dans ce domaine.

Répercussions sur la question sociale.

Il en est de plusieurs sortes ; deux surtout appellent l’attention. On est généralement d’accord pour considérer que la question sociale ne peut être résolue ni même utilement abordée sans qu’un effort énergique dans le sens de l’antialcoolisme[1] ne soit tenté préalablement ou tout au moins simultanément. Mais les armes dont on dispose pour lutter contre l’alcoolisme, pour directes qu’elles soient, ne valent pas l’arme indirecte, qui est le sport. L’abstentionniste, même engagé par serment, n’échappe guère à la tentation ; très souvent, incertain sur sa force de résistance, il tâche surtout de fuir les occasions de rechute ! Rien de pareil avec le sport. Ni serment, ni méfiance n’interviennent. Le sportif reste libre de s’alcooliser à

  1. Voir Ceci tuera cela dans La Revue, 1917, Paris.