dirons autant pour la mémoire. Mais on n’aperçoit non plus de motifs à une influence inverse. La légende du sportif rebelle par destination aux choses de l’esprit n’a plus cours. C’est un vieux cliché désuet.
La réflexion et le jugement qui gagnent à être exercés ne peuvent manquer de bénéficier du fait que non seulement le sportif est appelé à tout moment à évaluer et à comparer mais encore que ces opérations doivent s’accomplir en lui avec une grande rapidité, la promptitude de décision étant presque toujours à la base du geste sportif. Or ce sont les éléments essentiels du sens critique de sorte qu’on serait amené à conclure que, toutes choses égales d’ailleurs, le sens critique se développe mieux et plus vite chez le sportif que chez le non-sportif. Il n’y a rien d’exagéré à le prétendre et l’expérience de ceux qui sont à même d’en faire la constatation tend à confirmer l’assertion.
L’action sur les habitudes de pensée et de langage[1] est plus malaisée à saisir, plus subtile et surtout moins générale. Le sport incline volontiers à un certain réalisme et contredit par là la tendance à l’hyperbole qui est un défaut fréquent chez les jeunes ou chez les races méridionales. Il impose souvent le silence ; il dispose à la proportion mentale ; il peut même donner à l’esprit un penchant pour certaines doctrines philosophiques ; stoïcienne d’abord[2] ; fataliste aussi, encore que le fatalisme sportif, devant rester propre à l’action, se dose toujours de résolu-