Page:Pierre de Coubertin - Pédagogie Sportive, 1922.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
pédagogie sportive

de « demi-entraînement ». À chacun de trouver sa mesure et de s’y tenir. Le demi-entraînement n’est pas la moitié de l’entraînement ; c’est autre chose. Qui dit entraînement dit état d’exception vous différenciant temporairement de vos semblables. Le demi-entraînement doit être permanent et ne pas vous différencier d’eux. C’est simplement un état de puissance que l’on peut définir ainsi : le demi-entraîné est celui qui peut à tout moment substituer à sa journée habituelle une forte journée sportive sans dommage pour sa santé et sans qu’il en éprouve autre chose que de la saine fatigue. Cette « journée sportive » qui ferait ainsi irruption dans son existence ordinaire, que faut-il pour lui en assurer le bénéfice ? La volonté, avons-nous dit, et aussi l’occasion, l’une devant du reste s’employer à saisir ou même à provoquer l’autre.

En groupant de semblables journées en périodes de plusieurs semaines, les Américains ont introduit de façon empirique et même inconsciente une coutume bienfaisante qui ne peut manquer de se répandre. La cure de sport (on ne lui donne pas encore ce nom qui la définit pourtant par ses résultats) consiste à couper court à toutes les occupations et préoccupations habituelles en allant mener en pleine campagne, dans un camp ou un hôtel approprié[1] une vie intensément

    en rappelant qu’il s’agit de fortes séances et non de sports brièvement et anodinement pratiqués. Il va de soi aussi que plus on avance en âge, et plus ces intervalles doivent aller se rapprochant. En règle générale, vers la cinquantaine et au delà, on fera bien de ne pas dépasser le trimestre.

  1. « L’hôtel approprié » est précisément ce qui manque en Europe. Il est étrange que l’industrie hôtelière se montre si lente à y accorder ses intérêts (voir la Revue Olympique de mai et juillet 1910). Avant la guerre, le Collège d’athlètes