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technique des exercices sportifs

organiser la mobilisation musculaire qui lui est propre[1] Mais ces initiations risquent-elles de se contrarier ou, à l’inverse, peuvent-elles s’entr’aider ? Il n’y a ni trop à le craindre ni beaucoup à l’espérer. S’il est indiqué par exemple de ne pas faire marcher de pair l’enseignement de la boxe et celui de l’escrime au fleuret, rien n’empêche l’aviron de voisiner avec le cheval dans la formation du débutant. Mais un principe général dont l’expérience souligne le caractère bienfaisant sera d’enseigner, autant que possible, les sports deux par deux. Il s’établit ainsi, dans la répartition du travail musculaire, une bonne variété et point de confusion.

S’entretenir est en général plus facile et plus méritoire à la fois qu’apprendre ; si l’effort y est moindre, il faut l’intervention de la volonté pour le déclancher. C’est pourquoi tant de ceux qui ont appris n’entretiennent pas leur savoir et le laissent s’évader de leur être. Les sports n’échappent pas à cette loi, d’autant que la mémoire des muscles a ceci de très particulier qu’après s’être longuement perpétuée, elle disparaît brusquement. C’est ce qui se passe le plus souvent chez l’homme normal. Déterminer sa durée approximative est donc pour l’individu la première condition d’un bon entretien de ses connaissances sportives. On peut dire que « le jeune homme et l’homme fait doués d’aptitudes physiques moyennes ont besoin de trois à six séances tous les dix à dix-huit mois[2] » pour tout sport dans lequel ils veulent se maintenir en état

  1. Voir ce que nous avons dit plus haut à propos des « caractéristiques générales ».
  2. Voir la Gymnastique utilitaire, p. 111 et suivantes. Je sais qu’on a critiqué ces intervalles, les trouvant beaucoup trop longs. Je crois devoir en maintenir l’indication, mais