Page:Pierre de Coubertin - Pédagogie Sportive, 1922.djvu/105

Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
technique des exercices sportifs

écrivain français l’a prétendu il y a une quinzaine d’années : « C’est le propre, disait-il, des générations moribondes de vivre dans une angoisse perpétuelle de la maladie et d’attacher aux soins physiques une importance excessive[1]. » Or les deux termes de cet aphorisme sont contradictoires. Les hommes qui entretiennent jalousement leurs corps sont presque toujours des bien-portants et ils n’ont pas l’angoisse de la maladie ; ils ont la passion de la force et de la santé. Certes une certaine rudesse est nécessaire à l’humanité. Mais la rudesse ignorante des premiers âges et la rudesse intelligente des époques civilisées ne sont point sœurs ; elles ne sont que cousines.

À côté de l’hydrothérapie, il faut placer l’aérothérapie[2], c’est-à-dire le bain d’air. Le bain d’air ne sera jamais mieux pris par le sportif qu’au cours de ses exercices. Mais s’il peut courir, sauter, grimper, lancer, ramer et boxer sans vêtements autres qu’un léger caleçon, l’escrimeur, le cavalier, le cycliste, le patineur restent en dehors de ce bénéfice. Or le bain d’air leur importe comme aux autres non seulement parce qu’il est sain et reposant, parce qu’il oxyde le corps et détend l’esprit mais parce qu’il apporte un concours certain au perfectionnement technique. Tout garçon, tout jeune homme (sinon tout

  1. Répondant à cet écrivain, la Revue Olympique (janvier 1906) disait notamment : « Les Grecs jadis, les Anglo-Saxons, les Scandinaves, les Japonais de nos jours comptent parmi les peuples qui ont attaché le plus d’importance aux soins physiques et par contre, nous n’apercevons pas qu’aux approches des périodes de déchéance, ceux qui ont connu de mauvais jours comme les Italiens, les Espagnols ou les Polonais aient été, le moins du monde, férus d’hygiène ».
  2. Voir la Revue Olympique de mars et avril 1912.