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la question des externats

Un élève l’exprimait à sa manière un jour, en causant avec un nouveau camarade. Le propos fut entendu et m’a été rapporté. « Vois-tu, lui disait-il, nos abbés, c’est pas des curés ! » Et comme l’autre ne saisissait pas du premier coup la différence : « Ils sont bien habillés pareils, reprit-il, mais ce n’est pas des curés tout de même. » — Incontestablement l’explication manquait de clarté : l’enfant aurait été embarrassé d’exprimer en termes précis cette nuance qu’il sentait parfaitement sans trouver de mots pour la rendre.

Une grande familiarité — presque de la camaraderie — fait le fonds des relations entre professeurs et élèves : aussi ces derniers n’ont-ils pas en vous parlant le sourire bête, le regard baissé, l’air gêné qui rendent nos lycéens français si agaçants et si humiliants pour notre amour-propre national. Avec cela, un très grand soin matériel, des lavabos qui ne sont pas là pour la forme seulement, une certaine élégance dans l’arrangement des choses on se sent tout de suite dans un milieu réformateur.

L’école Alsacienne doit être rangée parmi les externats faute de pouvoir l’être parmi les internats. Au lendemain de la dernière guerre, des esprits généreux et patriotes avaient conçu le plan d’un grand établissement où les Alsaciens brusquement séparés de la mère-patrie pussent faire élever leurs