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sport, liberté, hiérarchie

mettent pas du zèle et de la conscience, qu’ils ne s’efforcent pas sincèrement de bien s’acquitter de leur tâche ; ce n’est pas à leurs personnes qu’on en a, c’est à leur mission : elle n’a point de raison d’être ; elle est fausse, partant elle est pernicieuse. Leur position ne saurait s’améliorer ; jamais des surveillants n’auront d’autorité sur les enfants ; jamais ceux-ci ne reconnaîtront le droit de surveillance à d’autres qu’à leurs maîtres, à ceux qui les instruisent. Les congrégations religieuses ont, sous ce rapport, l’avantage que maîtres et surveillants sont placés sur le même rang ; néanmoins, ils sont bien loin d’être traités par les élèves avec une égale considération, et il faut l’obéissance passive qu’ils ont jurée à leurs supérieurs pour les décider à passer sans récrimination de l’une à l’autre de ces situations si différentes.

En classe, on bavarde, on est dissipé, mais le professeur est plus rarement mis en cause directement ; en étude, au contraire, on fait des niches au surveillant et, quand il parle, on lui répond insolemment. Dans ses rapports, neuf fois sur dix, le maître d’étude se plaint qu’on lui a manqué de respect. On le déteste en effet parce qu’il a un rôle d’espion et qu’il doit aller quêter des punitions en retour des faits qu’il dénonce. Lui donner le pouvoir de punir de sa propre autorité ? C’est fort imprudent : il dépasse aussitôt