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à l’école monge

jeune Peel, le petit-fils de sir Robert Peel, le grand ministre, — et lui-même l’un des élèves les plus étonnamment doués et les plus instruits que l’on ait jamais vus à Eton. À part ces soixante-dix internes, tous les étoniens sont répartis chez les professeurs, qui en logent chacun de vingt-cinq à quarante.

Le headmaster tira d’une vieille armoire un chapeau tricorne ayant appartenu au plus célèbre de ses prédécesseurs, dont l’anecdote suivante suffira à vous peindre le caractère ; l’éducation anglaise n’était pas alors ce qu’elle est aujourd’hui et les relations entre maîtres et élèves manquaient souvent de cordialité. Il y eut un jour à je ne sais quel propos une révolte violente que le headmaster n’eut pas les moyens de dompter sur-le-champ ; il se laissa donc dicter des conditions, mais prit sa revanche le soir même ; quand tous les élèves furent rentrés dans leurs chambres, il les enferma à clef ; puis s’introduisant successivement dans chaque cellule armé d’un gros bâton, il les fustigea fortement, ce qui ne manqua pas de lui procurer une grande considération dans l’école. Ce temps est loin, et au contraire la caractéristique actuelle c’est l’absence de tout antagonisme, c’est la franche amitié, c’est une confiance réciproque.

Tandis que le gros de notre expédition parcourait les bibliothèques, les salons de lecture, les salles