Page:Pierre de Coubertin - L’Éducation anglaise en France, 1889.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
un comité de jeunes gens

faut choisir aujourd’hui en Europe ; tout se rapporte à ces deux types. Eh bien, à l’autoritarisme allemand, le Comité préfère la liberté britannique. Point de doute là-dessus ! Nous sommes persuadés qu’ainsi nous ne préparerons pas de moins bons soldats et qu’en revanche nous ferons de meilleurs citoyens.

L’étiquette étrangère a cela d’humiliant qu’elle nous force à constater l’absence d’un système national reconnu : qui a jamais, au dehors, établi une école « à la française » ? et, si on admire notre enseignement, qui a jamais fait l’éloge de « l’éducation française » ? C’est une lacune à combler : je ne pense pas qu’en la comblant nous courrions risque d’entamer une nationalité qui est peut-être la plus solide et la plus cohérente du monde ; la France peut assurément supporter sans le moindre danger cette suprématie de quelques pratiques anglaises reconnues bonnes ; ce n’est pas encore là le tunnel par lequel les Anglais nous envahiront.

Copions alors, sans crainte et sans hésitation, mais copions, cela va sans le dire, avec sagacité et prudence. S’il est juste de reconnaître une supériorité, l’ambition, qui est une vertu quand elle ne devient pas de la gourmandise, nous permet de tendre plus haut et plus loin ; tel est notre but, et nous l’atteindrons.