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sornettes que tout cela ! Préparez-les donc à être des hommes ! et le reste leur sera donné par surcroît. Cessez donc de les enrégimenter, ne les dispensez donc pas de toute décision, ne les habituez donc pas à l’éternelle surveillance. Tant que vous ne verrez dans les examens physiques qu’une action physique la question vous sera aussi étrangère que si vous n’en aviez jamais entendu le premier mot.

Oui, il fallait grouper les bonnes volontés, faire une Ligue, un journal, demander des cotisations… mais pour accomplir une œuvre lente et pas une œuvre rapide, pour faire de l’éducation et pas du militarisme.

M. Daryl sera-t-il le maître de retenir dans la bonne voie tous ses adhérents ? Je le lui souhaite de tout cœur, mais je ne puis dire que j’y compte beaucoup, parce que vraisemblablement le courant sera trop fort pour être dirigé. En ce qui concerne le côté technique, il y a du moins une idée neuve et heureuse : cette École normale des jeux scolaires peut rendre de très grands services. On admet donc enfin qu’il faut des professeurs de jeu, qu’on ne joue pas tout seul comme on tousse et que les jeux valent la peine d’être enseignés et travaillés ! C’est là un grand progrès.

Donc une Ligue, un Comité, une Commission ministérielle vont travailler séparément à la propagation des exercices physiques ; ce ne sera pas de chance si la chose n’aboutit pas. — Pour nous, monsieur Daryl, nous vous formerons des adhérents éclairés sur la valeur de l’éducation anglaise et nous vous les enverrons pour vous aider à gagner la bataille ; seulement n’allez pas trop vite, parce que forcément nous irons très lentement.

Paris, 27 octobre 1888.