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projets et espérances

demandent à s’asseoir dessus ; c’est aussi tirer de leur torpeur les inutiles, qui trop souvent se parent de leurs principes et de leurs convictions pour cacher leur paresse et leur fainéantise.

La chasse aux emplois est une conséquence de cette maladie que M. Maneuvrier, dans son beau livre, l’Éducation de la bourgeoisie sous la République, a désignée sous le nom d’atrophie de la volonté ; la plupart des enfants français ont connu avant le collège une autorité qui pour être douce et paternelle n’en était pas moins excessive et s’exerçait jusque dans les moindres détails ; puis le collège est venu où, pendant de longues années, ils ont été dispensés de toute décision et de toute action ; de là ils passent maintenant à la caserne et presque tous y sont heureux : il y a une certaine dose de liberté quand le service est fini et puis leurs muscles sont en mouvement, et cela les repose ! Mais la caserne n’exige pas plus d’action personnelle et de décision que le collège et quand tout cela est fini, que faire ?… À gauche, il y a un tas de pelles et de pioches avec lesquelles on peut tracer son chemin dans une direction quelconque ; oui ! mais à droite, il y a une belle route gracieusement entretenue aux frais de l’État ; elle s’avance, il est vrai, dans un pays plat où nul beau spectacle, où aucune surprise, aucune émotion, où rien de passionnant n’attendent le marcheur ; mais, en revan-