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préface

Nos grands-pères avaient un correctif pour leurs écoles languissantes : c’étaient les académies où la jeune noblesse s’exerçait à l’escrime et à l’équitation. Il n’y avait rien de semblable pour la bourgeoisie. Un magistrat et un financier à cheval paraissaient des êtres ridicules. La jeune noblesse a disparu, depuis la Révolution, et ses académies avec elle ; et notre jeune bourgeoisie serait toute semblable aux Anglais de Guillaume le Conquérant si M. Pierre de Coubertin et M. Godart n’étaient venus à son secours.

On avait peu à peu inventé à son usage un système d’éducation qui d’abord laissait le corps se former sur sa bonne foi sans que personne prît la peine de s’en mêler : qui, ensuite, soumettait l’esprit à une torture particulière, consistant dans un développement prodigieux de la mémoire et un étiolement systématique du goût et de l’imagination. Tout se réduisait à des catalogues. Il n’était plus question pour elle de savoir chercher et trouver, mais d’écouter et de retenir. On lui mettait dans la tête un magasin au lieu d’un outil. Le pauvre petit avait tant de faits à empiler dans sa cervelle qu’il n’avait plus le temps ni de penser, ni de respirer. Les