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préface

de muscles que dans les ateliers et dans les champs ; il n’y en avait presque pas dans les collèges.

Et cela remonte bien haut.

Croyez-vous que, si Molière avait vécu en Angleterre, il nous aurait montré ce grand benêt de Thomas Diafoirus, maigre comme un cent de clous, parlant d’une voix de fausset, demandant s’il faut baiser, et perché, comme un enfant à fouetter sur les derniers barreaux de sa chaise ? On ne connaît pas ces êtres-là à Oxford et à Cambridge. Il n’y a qu’en France qu’on a imaginé d’élever des garçons à l’ombre, de leur permettre tout au plus la toupie et pour tout exercice physique, de leur accorder, par semaine, quatre heures de promenade à petits pas sous la surveillance des maîtres d’études. On s’imagine qu’ils travailleront mieux avec cela. Ils y gagnent des maux de reins et des maux de tête, bien heureux même quand cette débilitation systématique de la race n’aboutit pas à la débilitation du caractère. Je ne voudrais pas, pour tout l’or du monde, manquer de respect aux malades : mais, en vérité, on ne trouve pas souvent une âme robuste dans un corps malingre.