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l’aviron

lentes ; mais ses adversaires les plus acharnés durent bientôt reconnaître que l’usage du banc à coulisse ajoutait à la puissance et à la vitesse de la nage sans enlever quoi que ce soit au style et à l’élégance. La même objection avait été faite lorsque les canots légers sans quille apparurent pour la première fois ; on disait partout que la correction allait disparaître, qu’on ne ramerait plus selon « la bonne manière », etc Bien entendu, ce fut le contraire qui arriva.

Le canotage français date de 1830 ; il a une origine artistique. C’est Alphonse Karr qui en fut le père ; il découvrit la Seine et en fit part aux Parisiens, lesquels s’étaient contentés jusqu’alors de la regarder couler. Avec Adolphe Adam, Théophile Gautier, Louis et Théodore Gudin, Victor Deligny, il constitua une petite société qui fit parler d’elle ; un voyage au long cours de Paris au Havre émerveilla les bons bourgeois d’alors et fut pendant longtemps le sujet de conversations inépuisables ; toute une flottille de bateaux parut sur le fleuve à la suite de ces illustres canotiers. — Les premières courses organisées en Seine eurent lieu dans des canots de navire venant de Rouen ou du Havre ; nulle réglementation n’existait encore ; on se bornait à mettre en ligne le même nombre d’avirons : c’était l’enfance de l’art ; on s’en lassa bien vite. Des ouvriers intelligents, comprenant ce qu’exi-