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projets et espérances

mécaniques, c’était toujours le même programme et la partie aérienne en était terrible. » Après cela, faut-il s’étonner que l’auteur de ces lignes manifeste « une grande froideur à l’égard des tours de force et autres divertissements patriotiques ». C’est là un des traits curieux et caractéristiques de la génération qui nous précède : montrer à l’enfant le côté brutal et effrayant de toutes les choses viriles. Il semble que pendant longtemps l’on ait pris à tâche de le détourner des exercices physiques, de leur enlever à ses yeux tout leur attrait. Les enfants, grands et petits, ont besoin d’être encouragés pour s’y livrer : quelques-uns sont doués d’assez de hardiesse pour commencer d’eux-mêmes, mais ce sont des exceptions ; les autres considèrent avec une envie mêlée de crainte un cheval, un masque d’escrime ou un vélocipède ; leur désir reste caché si on ne les aide pas à le manifester… et le temps passe. De plus il faut user de précautions : car une moquerie maladroite, un mot rude, un insuccès dont ils n’aperçoivent pas la cause les découragent et les mettent en déroute ; et, s’il n’y a pas en eux un peu de spontanéité, un goût bien marqué, si, en un mot, on les force, tout est calculé pour qu’ils gardent un mauvais souvenir, une rancune, une antipathie contre le sport qu’on aura voulu leur faire aimer.

Car il faut qu’ils en aiment un plus que les