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le roman d’un rallié

devant lui ? « Beautiful » répond Étienne, la bouche pleine. « Eh ! reprend l’autre en clignant de l’œil et en crachant à douze pas, I guess there’s nothing equal in the world ![1] ».

Puis ce sont, de nouveau, la course rapide à travers champs, les rues grisâtres d’Alexandria et le petit vapeur noirot remontant le fleuve. Au wharf de la septième rue, Étienne encore bercé dans le bleu des songes, sort du bateau et reprend la route du matin. Le quartier nègre lui parait moins sale et moins bruyant ; il trouve aux négresses des sourires gracieux et aux gamins, vautrés dans le ruisseau, toutes sortes de gentillesses. Son odorat se refuse à lui transmettre le vilain parfum d’humanité qui flotte sur ce décor. Bientôt il débouche dans Pensylvania-avenue, plus animée à cette heure et, tournant à gauche, il se dirige vers la Maison-Blanche. Juste à ce moment, il voit venir à lui deux hommes sur le passage desquels quelques chapeaux se soulèvent.

  1. Je me doute bien qu’il n’y a rien de pareil dans le monde.