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le roman d’un rallié

au-dessus de ses forces ; il oublie les récifs où vingt fois se sont brisés ses enthousiasmes ; sa sécurité est absolue.

Cependant le temps passe et voici que les réalités humaines s’imposent à son attention ; on ne se nourrit pas de soleil et d’air pur et son estomac se plaint d’avoir été négligé. Les deux œufs et la côtelette dont il s’est lesté avant de quitter l’hôtel, ne suffisent pas à son appétit juvénile et tirant sa montre, il constate que l’heure du lunch est passée depuis longtemps. Alors il remonte, à grandes enjambées, un petit chemin qui suit la lisière du bois et débouche sur la pelouse qu’il a traversée trois heures plus tôt. Des ombres déjà s’y allongent, toutes bleutées et si doucement posées sur l’herbe qu’on dirait des caresses aériennes. Bientôt, il se trouve à l’entrée de la baraque et s’attable devant un thé jaunâtre qu’escortent des gâteaux poussiéreux et deux sandwichs énormes. « How did you like it[1] » dit familièrement l’homme du tramway en passant

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