Page:Pierre de Coubertin - Hohrod - Roman d'un Rallié, 1902.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
le roman d’un rallié

pas la nature ; elle s’en arrange, elle en profite. Si les eaux se détournent, l’ordre est un instant bouleversé, puis les forces anonymes reprennent leur mystérieux travail, lent, pondéré, incessant ; qu’importe ici ou là, puisque partout et toujours les lois naturelles seront strictement obéies ? L’humanité ne peut atteindre à cet équilibre absolu, irraisonné et involontaire, mais elle s’en rapproche dès que l’individu parvient à régler ses actions d’après une cause déterminante, précise et fixe. Si cette cause est mauvaise, il est vicieux ; si elle est bonne, il est vertueux. Washington fut le représentant le plus parfait de cette catégorie d’hommes qui, à travers les vicissitudes, les accidents, les problèmes dont la vie est semée, cherchent avant tout le Bien public et, lorsqu’ils l’ont trouvé, s’y tiennent obstinément.

Le Bien public ! Un grand mot dont il se fait un étrange abus, mais qui correspond à une indéniable réalité. Il est évident que Washington n’a pas eu d’autre idéal et qu’il y a tout subordonné. En prenant le commandement de l’armée, il déplorait, en son for intérieur, la guerre qu’il