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le roman d’un rallié

Étienne s’endormait heureux, ayant employé sa soirée tantôt à se représenter Mary, vêtue d’une longue robe blanche, vaporeuse et scintillante, tantôt à écrire sur de grandes feuilles de papier qu’il déchirait aussitôt, la formule du billet de mariage : « Le Général et Mrs Herbertson ont l’honneur de vous faire part du mariage de Miss Mary Herbertson, leur fille, avec le Marquis de Crussène. » Ces enfantillages l’avaient charmé ! dans son rêve la traîne blanche frissonnait et les facteurs parisiens déposaient à toutes les portes, l’annonce de son bonheur.

En Bretagne, il était six heures ; une humidité grise glissait sur les mousses et les granits. La marquise revenait du village, enveloppée dans une mante doublée d’hermine. Perros, le vieux garde la précédait, une lanterne ronde à la main. Il y avait un bois sombre à traverser avant d’arriver au château et la marquise craignait d’y rencontrer des hommes de mauvaise mine. Perros, lui, n’avait pas peur des rôdeurs, mais bien d’entendre le grincement de la brouette de la mort, parce que la rencontre du sinistre véhicule