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le roman d’un rallié

voyage, mais elle batailla contre le Nouveau-Monde. Ses résistances furent vaines. Cette fois-ci, Étienne voulait.

Eh bien ! la volonté est une impuissante et le destin se moque d’elle ! Étienne a voulu ; il est parti, il a vu et il est vaincu. Qu’a-t-il trouvé ? Ce nouveau monde, après tout, est fait comme l’ancien. L’individu y jouit de plus de liberté, sans doute, mais il y subit aussi, plus durement, les rigoureuses conséquences de la lutte à outrance. Et puis quoi ? La manière de vivre des Américains est-elle applicable à l’Europe ? Les Américains qui apprécient les idées, les mœurs d’Europe, n’hésitent pas à transporter leur tente au-delà de l’océan : ils sont logiques ; ils se rendent compte qu’on ne peut pas être Européen en Amérique, pas plus qu’on ne peut être Américain en Europe… Étienne entend la voix d’Yves qui l’appelle avec un rire moqueur : Ponce de Léon ! Ponce de Léon !… Mais la devise de son ami lui revient aussi à la mémoire, la devise banale et cynique : cheval, pipe et sanglier ! Une colère s’empare de lui. Il est le marquis de