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le roman d’un rallié

il les avait laissées. Mais bientôt, il constata avec une surprise douloureuse que quelque rouage semblait s’être faussé en lui. Il n’était plus le même… Cette polymorphie des choses, qui l’avait de si bonne heure captivé, ne lui suffisait plus. À quoi bon, pensait-il, à quoi bon compter les faces d’un prisme, si l’on doit ensuite professer que ce prisme est une figure plane et n’a, par conséquent, qu’une seule face ? Est-ce une joie, pour le prisonnier, de contempler les libres espaces qui lui sont interdits ? pour le miséreux, de voir s’étaler sous ses yeux le bien-être dont il ne jouira jamais ?

Étienne avait le malheur d’être poussé à l’action et de ne pouvoir agir. L’action, il la voyait partout, revêtant les formes les plus variées et les plus attrayantes ! Ce qu’inconsciemment, il avait cherché dans ses études personnelles, c’étaient des motifs d’agir, c’étaient les lois qui régentent l’action et la rendent féconde. Sans l’effort, la vie humaine lui eût semblé banale et la société, criminelle ; mais l’effort donnait un sens à tous les problèmes et un aiguillon à tous